Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

michel lhomme - Page 5

  • Le salaire de la destruction ?...

    Les éditions Les Belles Lettres ont publié en fin d'année 2012 une étude monumentale et brillante de l'historien britannique Adam Tooze intitulée Le salaire de la destruction - Formation et ruine de l'économie nazie. Passionnant et donnant des analyses inattendues, ce livre bénéficie d'une excellente traduction et mérite d'être lu par tous ceux qui sont intéressés par la période.

    Nous reproduisons ci-dessous la critique qu'en a fait Michel Lhomme sur Metamag.

     

    Tooze.jpg

    LE SALAIRE DE LA DESTRUCTION

    Un ouvrage de référence sur la raison économique du nazisme

    Certes, le titre, Le Salaire de la destruction est condescendant à l’air du temps et il a, sans doute, été choisi commercialement par l’éditeur car il rend compte maladroitement de la portée de la publication. Or, il s’agit là d’un ouvrage monumental et inédit sur le système économique du IIIe Reich, devenu ouvrage de référence, une somme époustouflante sur les fondements et les ressorts du nazisme.

     
    Unanimement reconnu à l'étranger mais toujours dérangeant pour les Français (Reds don’t read !), l'ouvrage propose l’histoire la plus aboutie de l’économie nationale-socialiste et en même temps, il amorce une nouvelle lecture de la Seconde guerre mondiale, changeant par exemple radicalement la place occupée par les États-Unis dans cette histoire du point de vue de l’Allemagne. 

    Le livre d’Adam Tooze est de ces livres qui déclassent tous les ouvrages antérieurs écrits sur la question. Très sérieux, le style y est à la fois précis et haletant, jamais technique en fait comme dans les meilleurs livres d’historien (Braudel, Duby). Par ses trouvailles, son approche globale de la question nazie et le nombre d'idées reçues sur le régime remises ici en question, cet ouvrage va devenir pour beaucoup une lecture indispensable. Il était paru en anglais en 2006. Son auteur est diplômé de King's College (Cambridge) et de la London School of Economics, il  enseigne l'histoire de l’Allemagne à Yale. Il avait déjà publié Statistics and the German State, 1900-1945: The Making of Modern Economic Knowledge (Cambridge University Press, 2001) que les spécialistes de la période avaient déjà remarqué. Dans Le salaire de la destruction dont le sous-titre est Formation et ruine de l’économie nazie, Adam Tooze passe au crible les rouages économiques du système nazi, de la prise de pouvoir à l’anéantissement final.

    En donnant naissance au mythe du Blitzkrieg, le succès foudroyant et inattendu de la campagne de France avait accrédité l'image d’une Allemagne national-socialiste invulnérable, forte technologiquement, riche et assise sur une économie industrialisée d’une grande efficacité. Prenant le contrepied des nombreuses histoires exclusivement politiques du régime, Tooze en décline les entraves et les défaillances puis s’efforce de montrer que la guerre eut au contraire sa source non dans la puissance économique du 3ème Reich, un leurre une désinformation montée de toutes pièces mais dans les faiblesses du Reich. Pour ce faire, Tooze a revisité le pourquoi de chaque événement, de chaque décision, démontant ainsi la rationalité économique fondamentale à l’œuvre derrière le nazisme.
     
    Pionnier dans l’analyse économique du IIIème Reich, il jette un sort aux mythes issus des allégations d’Albert Speer et parfois colportées (notamment par l’économiste Galbraith, dès la fin de la guerre) affirmant que l’Allemagne d’Hitler était un miracle économique. Non, les trains n’arrivaient pas à l’heure sous le Troisième Reich (la dégradation du parc roulant fut un handicap jusqu’à la fin de la guerre), le régime n’a jamais connu le plein emploi et passé l’euphorie des premiers mois de gouvernement, c’est allé de crise en crise jusqu’en 1938, avant que la crise tchèque ne décide le chancelier à mettre son pays sous perfusion, en vase clos, au service de ses ambitions guerrières, auxquelles tout allait être désormais subordonné. La guerre comme porte de sortie d’un échec économique du nazisme, c’est une position originale quand on sait que l’argumentaire classique des défenseurs du régime est de relever justement la force économique du régime et même d’appuyer le clou sur sa réussite matérielle.
     
    L’historien britannique nous montre alors comment la stratégie d’Hitler s’est efforcé au début des années 30 de coller aux aspirations allemandes liées à leurs conditions de vie difficiles, comment il a fallu ensuite durant la guerre mener une politique de razzia vu l’échec productif du régime. Relisant les textes mêmes de Hitler et des théoriciens de l’agrarianisme, l’auteur décentre aussi l’histoire de la guerre en donnant une place capitale aux États-Unis, devenus la véritable obsession de Hitler. Dès 1938, la question importante devint chez lui, plus que la question juive, la question américaine, l’Amérique synonyme du monde de la finance, des banquiers et des usuriers de tous ordres. Or, le Führer savait dès 1939 qu’avec ses armées sous-équipées, il avait peu de chance de l’emporter dans une guerre longue contre le monde occidental, contre l’Amérique.
     
    C’est donc un Hitler nouveau qui nous est présenté : versatile, œuvrant au grès des circonstances matérielles et économiques mais arc-bouté à un but, à une idéologie éco-démographique et géopolitique : reculer de 1 000 kms les frontières de l’Allemagne vers l’Est pour constituer une « Grande Allemagne », et ainsi donner à la Germanie son espace vital agricole mais surtout énergétique afin de constituer au cœur de l’Europe une nation comme fer de lance politique et militaire d’une puissance capable de s’opposer à la civilisation américaine.

    Le livre du britannique Adam Tooze est remarquable par l’analyse rigoureuse des sources, des statistiques et des documents internes, souvent exploités pour la première fois. Toutes ces nouvelles archives consultées présentent du IIIème Reich l’image d’un régime toujours aux abois économiquement et qui ne dut de tenir si longtemps qu’à des pratiques de spoliation et d’asservissement perpétuelle. Sans le fanatisme idéologique mais aussi sans cette agressivité économique dans la guerre, jamais l’Allemagne n’aurait pu tenir si longtemps.

    Le texte, à un moment donné, revient sur l’opération Barbarossa, celle du 22 juin 1941 où Hitler envahit sans déclaration de guerre l’Urss, pays avec lequel il avait pourtant signé un pacte défendu par le Parti Communiste français un an plus tôt. L’auteur reprend ici la thèse officielle et commune d’un chancelier germanique qui décida pour triompher de cet adversaire de lancer rapidement l’opération Barbarossa en accord avec des projets d’extermination, d’asservissement et de colonisation de l’Est parfaitement définis dès les années 1930. Nous ne partageons pas cette vision de l’événement. Il faut revoir l’opération Barbarossa à la lumière du programme de Staline qui s’apprêtait à mettre main basse sur la Pologne et à engager un conflit unilatéral. Aussi, pour l’opération Barbarossa, nous ne saurions que recommander l’ouvrage traduit récemment en Français de Joachim Hoffmann, La Guerre d’extermination de Staline. Cet ouvrage rétablit la vérité historique sur les événements de l’été 41. Comme Le salaire de la destruction, La Guerre d’extermination est un livre indispensable pour qui veut comprendre le plus objectivement possible la Seconde Guerre mondiale.

    Dans Le Salaire de la destruction, l’auteur, Adam Tooze termine son analyse par la question qui nous taraude : l’Allemagne a perdu la guerre, la paix est revenue et l’Allemagne est toujours là. Aujourd’hui, l’Europe se range dans les bras de l’Otan et se prépare à recevoir le coup mortel, le dernier coup qui l’abattra, signer le Traité Transatlantique. C’est le triomphe de l’occidentalisme (l’identification de la vision américaine à la vision européenne) d’une culture américaine qui n’a rien à voir avec la culture européenne ou n’en est que sa forme dégénérée. Les Etats-Unis restent l’ennemi et Tooze de s’interroger alors carrément : « Que pourrait être la politique en Europe, au-delà des fastidieuses chamailleries d’abondance insatisfaites ? ». Ainsi, son livre synthétique et riche de thèses nouvelles, bouleverse non seulement des idées reçues, constitue un tournant dans l’historiographie de la seconde guerre mondiale mais en plus, réinterroge le sens même des vaincus de l’Histoire présente et passée.
     
    Michel Lhomme (Metamag, 22 octobre 2013)

    - Adam Tooze, Le Salaire de la destruction. Formation et ruine de l’économie nazie, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Les Belles Lettres, 812 pages, 28 euros.
    - Joachim Hoffmann, La Guerre d’extermination de Staline, Akribéia, juin 2012, 450 pages, 30 euros.
     
     
    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Au secours, les gardes-rouges de l'antiracisme reviennent ! ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'instrumentalisation de l'antiracisme par la caste au pouvoir...

     

    Gardes-rouges.jpg

    Au secours, les gardes-rouges de l'antiracisme reviennent!

    « Le patriotisme aujourd’hui, c’est toujours l’amour des siens, ce qui n’a rien à voir avec le nationalisme qui est la haine des autres », a ainsi martelé jeudi le chef de l’Etat dans les salons de l’Elysée, dans une expression fumeuse, délibérée et en même temps terrible pour le niveau politique qu’il témoigne d’un Président de la République, confondant allègrement la Nation, la République et la Patrie au sujet de la mobilisation générale de 14, lors du lancement des commémorations prochaines de la Grande Guerre.

    Il a rajouté au cas où on ne l’aurait pas très bien compris : « C’est la défense de la République, de ses valeurs et de sa promesse. » Cette opposition arbitraire entre le patriotisme et le nationalisme dans une définition sabordée de la République à propos du premier conflit mondial ne nous surprendra pas : elle est partisane et socialiste mais qu’un chef d’Etat la reprenne devant un parterre de militaires et d’officiels interpelle et laisse perplexe. Une telle intervention ne peut que diviser les Français. Elle reprend la seule bouée de sauvetage qui reste aux solfériniens, l’antiracisme de combat. 
    On se demandera toujours comment en France, un sentiment aussi noble et aussi respectable – la lutte contre toutes les formes de racismes – a pu faire l’objet, dans les dernières décennies, d’une telle récupération politique, utilisant sciemment, délibérément, violemment et dogmatiquement l’accusation de racisme pour disqualifier toute parole adverse.
    L’antiracisme est l’ultime arme du pouvoir, une arme rhétorique mais la rhétorique ne répare jamais la réalité. Au contraire, elle la manipule et la dénie. En faisant triompher un nouveau manichéisme politique d’une vision sociale en « noir et blanc », utilisée pour bâillonner tout contradicteur importun, le gouvernement et le parti socialiste créent les conditions d’une guerre civile qui serait pourtant évitable par l’intelligence française des rapports humains et ce, même dans une socialité difficile. L’adversaire devient l’ennemi public numéro un. Il est diabolisé, démonisé. Du fait même de la nature violente de l’idéologie antiraciste, le « de souche » est mis au ban de la cité, interdit de parole et de pensée. Il lui sera demain impossible de répondre aux accusations mensongères qui vont être avancées à son encontre.
    Ce sont les procès de Moscou et la censure de l’internet en préparation, le totalitarisme de la moraline cosmopolitique, la pire des inquisitions, l’inquisition bien pensante et humaniste. Les socialistes, au nom de principes supérieurs dont eux seuls détiendraient le monopole, refusent en réalité toute forme d’échange argumenté. Sous l’apparence d’une prise de position courageuse, ces procédés de diabolisation de l’adversaire sont une atteinte pure et simple à la cohérence et à la solidité de la raison et surtout une déformation illégitime du réel, paralysant tout renouveau de la pensée à venir. Car au-delà des amalgames nauséabonds, des reductio ad hitlerum disqualifiant les contradicteurs, au-delà des atteintes au débat public et à la liberté d’expression dont est porteur l’antiracisme actuel, on voit se développer la pensée des œillères, une vision du monde fautive qui se serait arrêtée aux Mercédès discrètes de Carpentras c’est-à-dire rétroactivement dans les landes des années 80, du côté de Latché.
    L’antiracisme défend en fait l’idée que l’homme est un être abstrait, un simple sujet rationnel qui peut se choisir, se définir de toute sensibilité et de toute culture particulière. Il est la pire version du monothéisme d’Etat et du néo-capitalisme conduisant pour autant directement à la ségrégation future. Dans les villes américaines, les zones culturelles se juxtaposent les unes aux autres et ne se rencontrent quasiment jamais. On y construit des quartiers avec des murs et des grilles électriques que seuls les livreurs de pizzas sont autorisés à franchir. L’idéologie antiraciste n’est finalement qu’un universalisme assimilationniste et intégrateur, une néo-colonisation à l’envers, l’idée suprêmement orgueilleuse de vouloir encore n’imposer qu’une seule culture au monde mais comme une imposition délibérément octroyée dans la culpabilité et le ressentiment, comme pour réparer sa faute. Les nouveaux curés de l’enseignement laïc en viennent ainsi à condamner leur propre culture pour mieux porter aux nues celles des autres, renversement illogique et mortifère qui privera toute une jeunesse de repères historiques permettant justement de mesurer et d’apprécier l’altérité radicale de l’autre culture. 
    Etre optimiste : la société civile est forte 
    Depuis les années 80, la France a profondément changé. La France populaire est beaucoup plus forte et battante que la France des élites. Il nous faut être vigilant et remettre allègrement en cause le manichéisme outrancier de la politique intérieure d’où qu’il vienne. L’idéologie antiraciste qu’on a réactivée cette semaine ne cesse depuis trente ans de paralyser toute la réflexion, tout le débat intellectuel français. Il nous faut dénoncer ces garde-rouges de l'idéologie compassionnelle, ces nouveaux col-mao de la jeunesse, pseudo-obsédés du vivre ensemble et leur rappeler Proudhon : ‘’chaque fois que j’entends le mot “humanité” je sais qu’ils veulent tromper”. 
    Il faut clamer qu’il est possible d’adopter une position humaniste, tout en défendant les intérêts supérieurs de la nation. Cela s’appelle être républicain mais depuis des lustres, les solfériniens se torchent avec la République qu’ils ont vendu aux marchands et à Bruxelles. Il faut préciser que si le « grand remplacement » est aujourd’hui possible, c’est que, par-delà l’ampleur numérique réelle des flux migratoires, ceux-ci ont trouvé en face d’eux une stratégie politique concertée, une offensive de décérébration éducative et d’avilissement menée sous l’égide de l’Education nationale et de la télévision, de la publicité et de la « nouvelle philosophie » deleuzienne et néo-spinoziste. Ceux qui, hier, ont encouragé, justifié et organisé (médiatiquement, politiquement, philosophiquement) l’immigration et qui appellent aujourd’hui à la « vigilance citoyenne» se muent en fait en étranges croisés noirs de la « laïcité » qui, le soir, exciteraient les prolos « celtes » contre les  victimes du déracinement que sont les Musulmans et les Sarrazins.
    Ce qui s’opère actuellement dans l’ambiguïté des discours ambiants doit être scrupuleusement annoté pour témoigner demain de ce qu’il adviendra. L’idéologie gouvernementale orchestre aujourd’hui la prorogation idéologique et intellectuelle de son pouvoir en suscitant des situations de guerre civile ou de guérilla larvée sur le thème ethnique et ce, pour maintenir les populations dans un état de peur permanente (terrorisme, délinquance, crise économique…) et leur faire ainsi accepter demain le coup de force anti-électoral accompagné de tous les reculs sociaux et sociétaux imaginables qui seront proposés bien sûr comme des ersatz de « sécurité », de « flexisécurité », d’écotaxe, ou autres avatars progressistes. 
     
    Certains du coup se targueraient de nous asséner que nous n’avons aucune vertu de compassion, aucun sens de l’hospitalité mais c’est que nous sommes, manque de pot, rimbaldien : «  ce qui fait ma supériorité, c’est que je n’ai pas de cœur ».
     
    Michel Lhomme (Metamag, 14 novembre 2013)
    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • La révolution de Groucho...

    Nous avons cueilli sur Metamag ce point de vue de Michel Lhomme consacré à Jean-Luc Mélenchon, révolutionnaire marxiste... tendance Groucho !...

     

    jean-luc-melenchon 2.jpg

    La révolution de Groucho

    On dira que le Front de Gauche est marxiste. Cela dépend. Si l’on entend par marxiste un disciple du philosophe allemand Karl Marx, j’en doute car ce Marx là avait au moins des idées. Considérer donc Jean-Louis Mélenchon comme un marxiste, c’est déjà lui en concéder trop. Il y a une autre manière d’être marxiste, c’est d’être un imitateur de Julius Henry Marx.

    Julius Henry Marx fut plus connu sous le surnom de Groucho Marx. Groucho est l’un des membres des célèbres Frères Marx (Chico, Harpo, Groucho, Gummo et Zeppo), un groupe de comiques nord-américains qui devinrent fameux au départ par leurs vaudevilles sur scène puis au cinéma parlant. Groucho, parce qu’il a écrit, reste celui dont on se souvient. L’humour des Marx reposait toujours sur l’absurde. C’était un humour singulier, dur, ironique et souvent surréaliste, un humour par ailleurs la plupart du temps improvisé. A ce titre, Jean-Luc Mélenchon est un vrai Brother !
    Le leader du Front de gauche a poussé cette semaine un nouveau coup de gueule : « Y'en a marre ! De l'argent, il y en a ! Il est confiné à certains endroits. Le pays n'a jamais été aussi riche ». Cette déclaration n'est certes pas nouvelle mais elle a pris une tournure un peu particulière, après la publication d'une étude édifiante de la banque Crédit Suisse, le Global Wealth Report, (rapport 2013 sur la richesse mondiale) et la proposition dans le budget, discuté cette semaine, de taxer les comptes d’épargne des Français (Pea, Pel, assurance-vie) rétroactivement depuis 1997 (article 8 du projet de loi de finance de la Sécurité sociale) au taux de 15,5% suivant en cela les directives du FMI.
    Dans ce rapport, on y apprend que la richesse dans le monde a grimpé de 68% depuis 2003, malgré la crise qui frappe les économies depuis cinq ans. La richesse aurait atteint 241.000 milliards de dollars. Le rapport souligne aussi qu’entre 2012 et 2013, c'est aux Etats-Unis que la richesse globale a le plus augmenté, suivi par la Chine, l'Allemagne et la France. L'étude du Crédit Suisse confirme ce que nous pressentions : 46% du patrimoine mondial appartient à seulement 1 % des ménages. A l'inverse, les deux tiers des adultes de la planète ne possèderaient seulement que 3% de la richesse globale. Les millionnaires en dollars seraient 32 millions dans le monde. L'étude a pris en compte, pour son classement, le patrimoine total, immobilier compris
    Cela peut être discutable et ce n'est pas le cas de tous les classements. Les rapports publiés par Capgemini estiment qu'on est millionnaire quand on possède au moins un million de dollars à sa disposition quasi-immédiatement. Ils ne tiennent pas compte du patrimoine immobilier.
    En France, le Crédit Suisse (qui prend donc en compte le patrimoine total) a estimé qu'il y avait 2,2 millions de millionnaires, soit plus que dans n'importe quel autre pays européen, ceci résultant en particulier de la hausse permanente de l'immobilier depuis 15 ans. Reste maintenant à nous demander où notre Groucho gaulois veut en venir ? Mais à la taxe, à la dîme, à la gabelle, lui le révolutionnaire pourtant patenté ! Et la nouvelle idée de la gauche de gouvernement sortie cette semaine c’est la gabelle rétroactive !
    Mélenchon s'est souvent déclaré contre la transparence totale (interview à La Croix du 26 mars 2012). En fait, le leader du Front de Gauche ne s'est jamais caché d'avoir un train de vie confortable. On peut donc supposer qu’il y a forcément du vécu dans la déclaration de cette semaine. Son patrimoine est estimé à 760 000 euros dont 720 000 euros de biens immobiliers. C’est donc de l’empathie ou du transfert. Groucho aurait tendance à croire que nous sommes tous riches ! Par provocation, il avait même publié son patrimoine et ses mensurations sur son blog. Dans un billet intitulé «Tout sur moi (mes mensurations, mon patrimoine, mes projets immobiliers », le coprésident du Parti de Gauche avait écrit : « Je m'appelle Jean-Luc Mélenchon. Je suis né le 19 août 1951 à Tanger au Maroc. Je mesure 1,74 mètre. Je pèse 79 kilos. Ma taille de chemise est 41/42. Ma taille de pantalon est 42. Je chausse du 42. Tous mes cheveux sont naturels et ils ne sont pas teintés ».
    La politique de Mélenchon, c’est cela : il fustige la richesse mais il est riche. Il est pour les libertés mais il condamne la liberté d’expression sur le net. A chaque affirmation politique, Groucho nous en sort la contradictoire. Il n’a retenu du marxisme non pas la rationalité de l’esprit critique mais la « dialectique des contradictions » qu’il nous fait comprendre comme un fou rire. Il affirme pour nier et nie pour affirmer. Toutes les déclarations de Mélenchon donnent la même impression : une certaine incohérence, pas d’idées propres mais une pensée populiste du slogan, une sorte de « enjoy communisme », somme toute assez décevante. C’est en fait la méthode du sketch innové et éprouvé par les Marx Brothers Groucho, du style « Etes-vous, Mr Mélenchon, contre les patrons ? ». « Absolument pas, les entreprises sont nécessaires au maintien de l’économie » !... «  Connaissez-vous de bons patrons ? «  Non, il n’y a en a aucun, ce sont tous des salauds ! ». C’est du Marx revisité par Groucho, la vulgarité en plus.
    De la partie sombre du marxisme de Jean-Louis Mélenchon, nous connaissions le zélateur de Maastricht. Pourtant, il déclarait au Sénat le 9 juin 1992 : «Maastricht est un compromis de gauche» et inventait une nation hors sol, sans peuple, «la nation européenne». Moins connues sont les causes de l’échec des négociations entre le MRC de Jean-Pierre Chevènement et le Front de gauche lors des dernières européennes de 2009 : pour le Front de Gauche, les mots «République» ou «républicain» de Jean-Pierre Chevènement sentaient le soufre et même le mot «nationalisation» était trop connoté ! Le clou est peut-être sur Chavez qu’il voit comme un « homme diffamé » ou dithyrambique et hugolien, comme « l’idéal inépuisable de l’espérance ». Mais il est bien forcé d’avouer qu’il y a au Venezuela une restriction des libertés civiles et démocratiques. C’est alors qu’au passage il reconnaît, en marxiste orthodoxe, que cette restriction répond aux nécessités de la population ! Lorsque l’interlocuteur lui fait alors remarquer que dans un état de droit, certaines libertés ne sauraient être limitées par définition, il se contente de répondre «  mais c’est ainsi qu’en a décidé le peuple vénézuélien ». En bref, du bolcho à la Groucho, du socialisme ressuscité. Mélenchon croit, en fait, en la résurrection ! La résurrection, c’est pour lui, une « économie solidaire, juste et écologique » mais ne cherchez pas à entrer dans les détails car dixit l’intéressé, on se heurterait alors aux « réalités macro-économiques » !
     
    Au fait, que nous disait le vrai Groucho ? «La politique, c’est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes ». C’est bien en ce sens que le Front de Gauche est et restera marxiste et que Jean-Luc Mélenchon est un homme politique ambigu et indéfini avec cette évidence qui crève les yeux : Mélenchon a fait sienne la définition de la flexibilité politique donnée par Groucho : "Voici mes principes, s'ils ne vous conviennent pas, j'en ai d'autres" !
     
    Michel Lhomme (Metamag, 21 octobre 2013)
    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Théologie politique...

    Nous vous signalons la parution d'un nouveau numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°62, année 2013), dirigée par Alain de Benoist, dont le thème est consacré à la théologie politique. Le numéro, qui compte 170 pages et comporte une très riche iconographie, sera très prochainement disponible sur le site de la revue Eléments. Les parisiens pourront également le trouver à la Librairie Facta.

     

    NE 62.JPG

    Au sommaire de ce numéro :

    Théologie politique, une introduction (Alain de Benoist)

    Contribution à une étude préhistorique du droit constitutionnel (Cédric Milhat)

    Les fondements théologico-politiques de la pensée politique européenne (Eric Maulin)

    Schmitt, Peterson, Blumenberg : le grand débat sur la théologie politique (Alain de Benoist)

    Le Christ et le peuple ! Retour sur la Théologie de la Libération (Michel Lhomme)

    Religions séculières, religions civiles et religions politiques : entre sécularisation et sacralisation du politique (Eric Maulin)

    Sartre - Camus - Clamence (Jean-Louis Prat)

    Propos sur le réalisme politique (Jerónimo Molina)

    De l'Etat de droit au néo-constitutionnalisme (Luis-Maria Bandieri)

    Bibliographie

    Nécrologie

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (49)

    octorouge13.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Metamag, Michel Lhomme revient sur les causes des émeutes qui secouent la Turquie d'Erdogan.

    La Turquie sans le raki et le hamam

    Fabrice Madouas, michel lhomme, turquie, erdogan, islamisme,

     

    - sur Valeurs actuelles, Fabrice Madouas fait le point sur prosélytisme islamique dans les prisons françaises.

    Prisons : le chaudron intégriste

    Fabrice Madouas, michel lhomme, turquie, erdogan, islamisme,

     

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (46)

    Guet aérien.jpg

    Au sommaire cette semaine :

     - sur Ria Novosti, Jacques Sapir analyse les conséquences de la crise chypriote dans laquelle il voit un moment clef de la crise de la zone Euro...

    Les conséquence inattendue de la crise chypriote

    Crise chypriote.jpg

    - sur Metamag, Michel Lhomme revient sur l'échec du référendum sur la réforme territoriale de l'Alsace...

    L’Alsace veut manger du millefeuille administratif

    Alsace.jpg


     

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!